La crise du Covid-19 couplée à la guerre en Ukraine a provoqué une hausse des prix de l’énergie sans précédent, nous laissant dans l’incertitude pour le futur, en particulier pour les populations les plus fragilisées. Pour analyser cette situation critique et explorer les différentes pistes de solution qui s’offrent aux Bruxellois·es les plus fragilisé·es, nous avons proposé au Service social énergie de la Fédération des Services Sociaux (FDSS) d’animer l’une de nos formations transversales au début du mois d’octobre.
Les causes majeures d’une telle augmentation…
Lors de cette matinée, Juan Carlos Benito Sanchez et Marie Marchandise , respectivement chargé de mission et accompagnatrice énergie à la FDSS, nous ont dans un premier temps éclairé·es sur le contexte social et politique actuel, ainsi que sur les différentes causes de l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité. Parmi celles-ci, nous pouvons citer la reprise économique post-covid, l’approvisionnement stratégique des pays asiatiques, les enjeux géopolitiques et l’invasion russe de l’Ukraine, ou encore l’augmentation du prix des droits d’émission du CO2.
Notons également que si le prix de l’électricité a lui aussi terriblement augmenté, c’est parce qu’il dépend de celui du gaz, selon la logique un peu complexe du marché européen de l’énergie. Sur ce marché de gros, le prix de l’électricité est déterminé par le prix du dernier kilowattheure produit. Or on fait d’abord produire les éoliennes, le photovoltaïque et les barrages, puis le nucléaire, et quand ça ne suffit pas, on a recours aux centrales à charbon et aux centrales à gaz. Le prix de l’électricité est donc calqué sur le coût de production de la centrale la plus chère du réseau européen. Puisque le prix du gaz est actuellement extrêmement élevé, les centrales vendent leur électricité plus chère qu’à l’accoutumée et en découlent donc des surprofits énormes, qui démontrent les limites de ce marché européen de gros dans un contexte de crise telle que celle que nous vivons aujourd’hui.
… et son impact sur les factures d’énergie
Selon la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz (CREG) – le régulateur fédéral –, au mois de septembre 2022, la facture moyenne annuelle d’un ménage combinée pour l’électricité et le gaz atteignait 5 100 €. Or, rappelons que le revenu moyen net par habitant·e à Bruxelles était de 14 973 euros par an en 2019 (derniers chiffres disponibles sur Statbel). Ce qui signifie qu’une part très importante du revenu s’envole aujourd’hui dans des factures d’énergie. Une situation intenable lorsque l’on sait que les ménages bruxellois peinent déjà à payer leur loyer, en constante augmentation depuis plusieurs années.
Quels leviers d’action pour faire face à cette crise ?
Nous nous sommes ensuite intéressé·es plus spécifiquement aux pistes de solution et aux mesures sociales proposées aux travailleur·euses du secteur social pour tenter d’aider les personnes les plus impactées par les hausses des prix de l’énergie.
Tout d’abord, les intervenant·es ont insisté sur la nécessité de vérifier sa consommation et le bon fonctionnement de ses appareils : être attentif·ve au chauffage du logement et de l’eau, mais aussi à l’éclairage et aux appareils électriques. À noter que le prix du gaz reste tout de même moins cher que celui de l’électricité et qu’il vaut donc mieux éviter le chauffage ou le chauffe-eau électriques. Attention toutefois à la privation : avant la crise, en 2019, un·e Bruxellois·e sur dix était en situation de précarité énergétique cachée, c’est-à-dire en situation de privation.
Nous avons ensuite passé en revue les tarifs sociaux ainsi que les différentes conditions d’accès : le tarif social classique et le tarif social « étendu en raison de la hausse des prix ». Le tarif social classique est accessible à tout·e client.e résidentiel.le final·e, c’est-à-dire qui achète de l’énergie pour sa propre consommation, destinée à un usage domestique, et qui bénéficie d’allocations du Service fédéral des pensions, du CPAS, ou qui présente un handicap. Le tarif social est octroyé à l’adresse où la personne est domiciliée, même si le contrat de fourniture d’énergie n’est pas conclu en son nom*. Le tarif social étendu est en vigueur depuis le 1er février 2021 et le restera jusqu’au 31 mars 2023. Il concerne les personnes qui disposent du statut BIM (Bénéficiaire de l’Intervention Majorée).
Le gouvernement a en outre récemment annoncé la mise en place d’une nouvelle prime fédérale pour alléger la facture d’énergie des ménages belges. Si vous ne bénéficiez pas du tarif social et que vous avez un contrat à prix fixe conclu ou renouvelé après le 1er octobre 2021, ou un contrat à prix variable, une réduction automatique de 61€/mois pour électricité et de 135€/mois pour le gaz sera appliquée directement par votre fournisseur d’énergie sur votre facture pour les mois de novembre et décembre 2022. Si vous ne constatez pas de réduction sur votre facture d’ici au mois de janvier, n’hésitez pas à contacter votre fournisseur. La mesure devrait a priori être prolongée jusqu’en mars 2023.
D’autres aides ont également été évoquées, telles que le statut de client·e protégé·e (toute personne ayant reçu une mise en demeure de son fournisseur), la fourniture garantie (FG) qui est un complément au statut de client·e protégé·e, le fonds énergie, le fonds mazout (conditionnés à une enquête sociale) ou encore le chèque mazout et la baisse de la TVA sur l’énergie. Pour davantage de détails sur ces différentes aides, n’hésitez pas à nous contacter pour demander à consulter la présentation complète de cette matinée de formation.
*Voir liste exhaustive des catégories de bénéficiaires sur le site web du SPF Economie : Tarif social pour l’énergie | SPF Economie (fgov.be)